02Mai

Alors que nous terminons la 7eme semaine de confinement, le relâchement se faire sentir. Les discussions sur « l’après » sont plus prégnantes dans le débat public ou nos discussions privées. Le Premier Ministre vient d’annoncer les hypothèses d’un déconfinement progressif à partir du 11 mai, « si les indicateurs sont bons ».

Mon fils de 4 ans avait compris que nous luttions contre un certain « Colonel Virus ». Il n’a pas tort. Ce colonel-dictateur nous met face à notre fragilité humaine et nous impose à marche forcée les changements de paradigme que nous (entre)voyons à peine.

Alors… confinés ou déconfinés ? Dans un cas comme dans l’autre, nous comprenons que la vie d’avant n’est pas pour tout de suite. Adieu la bise si culturellement Française ; bonjour le sourire masqué, les gestes barrières et les échanges par écran interposé… autant d’éléments qui bousculent les lignes du management « de la performance » et font resurgir l’urgence d’un management basé sur une bonne gestion de nos émotions et de la relation.

Je, tu, il déconfine, mais… nous ne déconfinons pas.

Le ‘nous déconfinons’ n’est pas encore à l’ordre du jour… nous ‘télé-travaillons’ de façon massive et cela va se poursuivre. Pourquoi ? Parce que nous ne sortirons pas (c’est le cas de le dire) indemnes de cet épisode de confinement.

Derrière l’hyper-vigilance sur les poignées de porte et la suspicion autour de la machine à café (est-elle vraiment désinfectée ?) la peur du contact avec l’autre et les difficultés à reprendre une vie ‘normale’ vont s’accentuer. Et avec elles du stress, de l’anxiété, de l’insomnie ou des difficultés de concentration… autant de manifestations post-traumatiques qui généreront des absences dans les équipes, sans compter des quarantaines intermittentes et une possible 2eme vague…

Sous l’impulsion du #ColonelVirus, le télétravail restera durablement en place. Il devient ainsi la nouvelle norme du travail tertiaire et vient bouger les lignes du vivre et du travailler ensemble.

Après avoir fait voler en éclats les éventuels freins techniques (finalement on l’a fait !), le confinement obligatoire et généralisé s’attaque aux freins culturels. Les habitudes managériales sont bouleversées : maintenir le lien social, soutenir les collaborateurs, mobiliser son intelligence émotionnelle devient prioritaire. Nous continuons à apprendre, à changer, mais attention à préserver les managers dans cette course aux changements…

Attention, les managers ne sont pas des super héros…

Entre gestion de crise, continuité d’activité, décalage de projets, revues de budget ou peur du vide dans les organisations, le temps de travail des managers s’est allongé de façon considérable (pour ceux qui travaillent). En plus d’assurer l’opérationnel, le manager maintient en partie le lien social entre les membres de l’équipe qui ne se côtoient plus sur le lieu de travail.

Tout cela dans l’incertitude du lendemain et le stress d’une vie confinée.

Oui, le confinement sur la durée nous éprouve sur les plans émotionnel, physique et psychologique.

Oui, c’est normal de ne pas être ‘au top’ pour soi et donc encore moins pour les autres.

Oui le manager n’est ni un sur-homme / sur-femme, ni un(e) super héros / héroïne, il/elle a son inconfort et ses propres peurs à gérer (et potentiellement une vie familiale qui a envahi son espace de travail – et inversement).

Parfaitement outillés sur le plan informatique et technique, pour certains rodés par les semaines de confinement à accompagner « autrement », il leur faudra d’abord se mobiliser émotionnellement, en trouvant les ressources à différents niveaux (d’eux-mêmes).

Il y a une vie après Excel et PowerPoint : c’est l’intelligence émotionnelle

Cette vie, celle de l’« après » démarre le 11 mai. Une première étape vers un quotidien dont on ne sait pas à quoi il ressemblera. Ce qui reste certain, c’est que l’après se fera avec des collaborateurs potentiellement fragilisés par le contexte anxiogène et les semaines de confinement.

Mieux se connaître et mieux se gérer émotionnellement devient la clé d’un management à distance qui montera l’exigence de plusieurs compétences douces : notre capacité de recul, d’analyse et d’innovation est fortement mobilisée pour résoudre les problèmes complexes qui se présentent à nous.

Petite revue des questions à explorer et à se poser, pour mobiliser efficacement sa capacité managériale en ce temps de crise sans précédent.

Mieux se percevoir soi-même, pour mieux se gérer et s’accepter. C’est prendre le temps de l’introspection pour déterminer son degré de confiance en soi, d’autonomie, mais aussi l’énergie que l’on investit pour progresser. L’objectif ? D’abord d’être en accord avec soi-même, s’accepter tel que l’on est, pour mieux vivre avec soi…

Dans quelle mesure je me respecte, j’ai confiance en moi ? Est-ce que j’identifie mes besoins et comment je les prends en compte ?

Suis en capacité et ai-je la motivation de m’améliorer moi-même ? Est-ce que je me fixe des objectifs en ce sens? Quels moyens je me donne pour les atteindre ?

Comment j’identifie mes émotions ? Suis-je conscient de leur incidence sur mes comportements ?

Bref, améliorer la perception de soi, c’est s’inscrire dans un apprentissage permanent.

Exprimer ses ressentis de manière adéquate et efficace. Maintenant que je me ‘décode’, comment je m’adresse aux autres ?

Comment j’exprime des émotions constructives, sans prendre le risque de détériorer la relation ?

Comment j’exprime mes pensées et opinions de manière claire et directe, sans imposer ni agresser ?

Ai-je tendance à dépendre des autres ou suis-je en capacité d’agir de façon autonome en fonction de mes sentiments – sans perdre le contact avec l’autre?

J’observe les liens entre ce que j’exprime et la façon dont je me sens mobilisé(e), pour

Former et maintenir des relations basées sur la confiance. La façon dont je gère mes relations avec les autres est essentielle pour créer et maintenir du lien, y compris dans un moment de confrontation.

Suis-je globalement satisfait(e) des relations avec les autres ? Comment je m’y prends pour maintenir et enrichir ces relations ?

Comment je prends en compte les sentiments des autres ? Est-ce que je leur témoigne de l’égard ? Est-ce que je comprends l’influence que j’ai sur eux ?

Quelle est mon niveau de conscience et d’utilité sociale ? Suis-je impliqué(e) et responsable ?

Décider, en conscience des ressentis qui m’agissent. Ma capacité de décision est impactée par mes ressentis, mais encore faut-il que je puisse les identifier et les nommer.

Est-ce que j’identifie le ressenti qui mène à la décision et inversement ?

Suis-je suffisamment objectif/ive pour ne pas fausser la réalité ?

Est-ce que je résiste ou j’attends avant d’exprimer des impulsions d’action ?

Gérer son stress dans un contexte imprévisible ou inhabituel. Maîtriser son stress et rester endurant face aux obstacles de la vie aide à maintenir une certaine lucidité pour entrevoir les solutions aux problèmes.

Quel est mon niveau d’adaptation aux circonstances changeantes, imprévisibles ?

Comment je gère le stress ? Je chercher à influer de façon positive sur les choses ?

Quelle est ma conception de la vie? Optimiste ou pessimiste ?

Toutes ces questions savent très bien rester superficielles et relever de la « bonne intention », si on ne vient pas les chercher. Elles peuvent aussi faire l’objet de temps d’expérimentation en coaching individuel ou collectif, pour élaborer ce qui se joue dans nos modalités de relation, de décision et d’action.

J’ai surtout la conviction qu’elles nous donnent des clés pour l’« Après » qui débute le 11 mai 2020.

#déconfinement #covid-10 #crise #opportunité #intelligenceémotionnelle #11mai2020

******A DECOUVRIR******

Le temps de l’intelligence émotionnelle – La transformation de l’entreprise passe d’abord par celle de ses managers – Article Le Nouvel Economiste Janvier 2020.

Les 15 compétences douces à maîtriser en entreprise, Article FORBES Magazine,

Intelligence émotionnelle et management : Comprendre et utiliser la force des émotions, Ilios Kotsouet Peter Salovey, Editions De Boeck, 2019.

L’intelligence émotionnelle au travail, Daniel Goleman, Richard Boyatzis, 2002

Leadership et compétences émotionnelles dans l’accompagnement au changement, Gendron, Bénédicte et Louise Lafortune, Presses Universitaires du Québec, 2009